Une enfant de trois ans a été amenée dans une clinique de MSF, au Yémen. Elle présentait une insuffisance pondérale dangereuse de 6,2 kilogrammes (le poids normal pour son âge est de 14 kilos). Dans le coma et en état de choc, la fillette montrait alors de multiples lésions cutanées. Elle avait une histoire récente de diarrhée, de vomissements et d’incapacité à s’alimenter. Ses parents ont également signalé que leur fille n’avait pas franchi les étapes de son développement et n’avait jamais parlé ni marché.

L’enfant a été immédiatement admise à l’unité de soins intensifs et a commencé à recevoir des antibiotiques, des solutés intraveineux et un soutien nutritionnel, ce à quoi elle a bien répondu. Toutefois, sa faiblesse, sa baisse de vigilance et l’œdème de ses membres ont persisté.

Soumis à la plateforme de télémédecine, le cas a été reçu par une dermatologue basée aux États-Unis. Celle-ci a constaté une desquamation de la peau sur le tronc, les extrémités supérieures et inférieures, ainsi qu’un œdème. Elle a alors confirmé le diagnostic de kwashiorkor marasmique. Il s’agit d’une forme grave de malnutrition, caractérisée par une carence marquée en protéines et une insuffisance calorique.

La dermatologue a recommandé un soutien nutritionnel, tel qu’une supplémentation en micronutriments, pour aider à traiter les taches cutanées causées par les carences en minéraux et en vitamines. Elle a en outre conseillé la vigilance quant aux signes d’une éventuelle infection bactérienne de la peau.

Comme il est d’usage pour les cas pédiatriques envoyés en télémédecine, une pédiatre a également été affectée au cas. La spécialiste a suggéré la prise en charge urgente d’un possible déséquilibre électrolytique, souvent observé chez les enfants souffrant de malnutrition. Elle a formulé des recommandations détaillées pour le traitement de ce déséquilibre de l’enfant, qui ont guidé la stratégie de soins de l’équipe médicale du projet. En raison de son anémie, la petite fille a également reçu une transfusion sanguine.

Après ces traitements, l’état de l’enfant s’est nettement amélioré. Elle a repris pleinement connaissance, l’œdème de la jambe a diminué et au bout de 10 jours, elle est retournée dans sa famille.

La malnutrition sévère est un problème majeur au Yémen, exacerbé par la guerre. Environ la moitié des enfants yéménites souffrent de malnutrition chronique. La malnutrition sévère est un problème majeur au Yémen, exacerbé notamment par les conflits. Environ la moitié des enfants yéménites souffrent de malnutrition chronique. La bonne nouvelle, c’est que si le traitement commence tôt, les enfants souffrant de malnutrition se rétablissent généralement bien, comme en témoigne cette enfant de trois ans qui a été traitée conjointement par l’équipe médicale locale et par nos spécialistes en télémédecine.

Par Dre Nilza Angmo et Dr Ahmed Igbin